Assurance-vie : ce que valent les nouveaux fonds solidaires

Par Marie-Eve Frénay, Les Echos - Publié le 12 nov. 2021 à 12:52. Mis à jour le 12 nov. 2021 à 13:34

Répondant à la quête de sens des investisseurs, voire en la devançant, les banques, assureurs et gestionnaires d'actifs se convertissent progressivement aux placements intégrant une dimension sociétale.

Leur conversion est aussi poussée par des évolutions réglementaires qui ont d'abord concerné l'épargne salariale. Ainsi, depuis la loi de modernisation de l'économie, dite LME, de 2008, les entreprises de plus de 50 salariés sont obligées de proposer au moins un fonds solidaire dans le cadre de leurs plans d'épargne salariale.

« Il y a des produits d'épargne solidaire adaptés pour tous les épargnants », souligne Jon Sallé, responsable de l'Observatoire Fair, association à l'initiative de la semaine de la finance solidaire qui se termine ce 15 novembre, et qui gère le label Finansol. Toutefois, « la porte d'entrée la plus simple de l'épargne solidaire est l'épargne salariale. Dans certaines entreprises, l'épargne est allouée par défaut sur les fonds solidaires. Pour connaître les supports d'investissement, le salarié peut consulter son relevé d'épargne salariale », poursuit Jon Sallé.

Selon les données de l'Association française de gestion (AFG), les unités de compte solidaires, sans garantie en capital, sont un levier important de collecte. A fin juin 2021, elles abritaient 13,7 milliards d'euros, en hausse de 29 % par rapport à juin 2020.

« Le grand canal sur lequel on a beaucoup d'attente en termes de transformation du paysage financier, ce sont les unités de compte solidaires de l'assurance-vie », se réjouit d'ailleurs le porte-parole de Fair. En effet, alors que l'encours sur les plans d'épargne salariale et retraite représente 162 milliards d'euros selon l'AFG, l'assurance-vie pèse 1.850 milliards d'euros, dont un quart est investi en UC, le reste étant sur les fonds euros à capital garanti.

« Les gestionnaires et distributeurs sont obligés de mettre les pieds à l'étrier et de comprendre les règles de la finance solidaire. Nous croyons que cela peut se diffuser aux fonds euros sur lesquels une grosse partie de l'épargne des Français est localisée », estime Jon Sallé. Premier assureur à avoir sauté le pas, la Maif a obtenu en 2020 le label Finansol pour le fonds euros de son assurance-vie, dont l'encours s'élève à plus de 2,1 milliards d'euros.

Des rendements semblables aux fonds classiques

Quid des performances de ces fonds solidaires ? Dans une étude parue en mai dernier basée sur 28.500 parts de fonds commercialisés en France entre 2012 et 2018, l'AMF estimait que les performances nettes des fonds intégrant une dimension extra-financière étaient semblables aux fonds classiques.

En outre, « les parts de fonds prenant en compte des critères extra-financiers tendraient à être significativement moins chères que leurs équivalents sans approche extra-financière, ajoute le gendarme des marchés financiers. […] Nous pouvons alors penser que les parts de fonds intégrant une approche extra-financière constitueraient des produits d'appel pour les sociétés de gestion et bénéficieraient à ce titre de frais moins élevés », analyse l'AMF.

Chez Ecofi, les frais de gestion des organismes de placement collectif solidaires varient de 0,09 % à 1,56 % selon la nature du sous-jacent. « Les frais de gestion des fonds restent donc dans les standards de la place, qu'ils soient verts ou non, car ils correspondent à la classe d'actifs plutôt qu'à la thématique », commente la société de gestion du Crédit Coopératif.

Ces fonds solidaires restent toutefois des produits sans garantie en capital. Comme toute unité de compte, il faut donc consulter son document d'information clés afin de connaître le sous-jacent (obligations, actions ou mix des deux) et ainsi bien mesurer les risques pris.

Les fonds fiscaux solidaires pour les contribuables fortement imposés

En dehors de l'assurance vie ou de l'épargne salariale, il est aussi possible d'entrer au capital de jeunes entreprises non cotées pour soutenir financièrement le développement de l'ESS. Ces parts peuvent être détenues directement et souscrites par exemple en passant par des plateformes de finance participative spécialisées comme Lita. Cet investissement peut aussi être réalisé via un support collectif dédié, comme un fonds d'investissement de proximité (FIP).

En revanche, la rentabilité de ce type d'investissement est particulièrement incertaine. Cette incertitude est renforcée par le fait qu'il s'agit de toutes jeunes entreprises. Or, selon l'Insee, une société sur trois et près d'une entreprise individuelle sur 2 périclite dans les 5 ans après leur création. Pour compenser en partie ce risque, sans garantir que l'investisseur n'y laissera pas des plumes en cas de faillite, l'Etat octroie une réduction d'impôt rehaussée à 25 % jusqu'à fin 2022.

« Les rendements sont adaptés à la nature de l'organisation et à son utilité sociale. Certains acteurs particulièrement militants sont incapables de couvrir l'inflation. Par exemple, la valeur des parts sociales de foncière n'est pas toujours réévaluée, ajoute le porte-parole de l'association Fair. L'investisseur ne reçoit pas de dividende. La seule façon d'obtenir un retour financier sur investissement tient à la réduction d'impôt si l'épargnant reste au capital de l'entreprise au moins 5 ans. Mais c'est le « retour non financier » qui est surtout important ».